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"Je suis un palestinien d'il y a 2000 ans"

 

 

 

PAGE EN PREPARATION

 

5. "JE SUIS UN PALESTINIEN D'IL Y A 2 000 ANS "

 

 

C'est vrai que l'on n'entend pas beaucoup L'Etoile d'or sur les ondes ; les pouvoirs du système radiophonique sont ainsi faits qu'ils préfèrent les coussinets musicaux aux pelotes d'épingles. Et pourtant, il n'est pas de récital d'Herbert où L'Etoile d'or ne constitue le point d'orgue, le dessin à peine caché de la tapisserie, le feu central de la machine à aimer.

Tout a commencé par les madeleines intimes : tout petit,

Herbert s'est couché de bonne heure dans le parfum des dattes, des feuilles de palmier, des galettes de Páques, du pain azyme de Pessach. Il n'a pas lu les Lettres de mon moulin, il n'a pas révé à Cendrillon, ni chaussé les bottes de sept lieues pour aller rejoindre le Petit Chaperon rouge dans les foréts de Robin Hood ; son Monte-Cristo à lui, c'était David. Samson, et sa belle au bois dormant s'appelait Esther ou Sarah. " Il était une fois ", s'écrivait sur papier Bible que lui racontait sa mère, dans ces week-end volés au père et qu'ils passaient à Paris chez la ni cousine Huguette. La synagogue, où il allait avec son père, lui était un moyen de s'échapper pour retrouver sa mère assise dans là galerie des femmes, qui l'embrassait furtivement avant orne) que ne résonne le chofar claironnant la fin du jeúne et l'orée du Pardon. Dans l'univers catholique qui rythma ses séjours des pensions neigeuses et des lycées tapageurs, le juda71sme fut sa contre-culture, sa sensation d'étre minoritaire du destin et de I'Mstoire. Jusqu'en 1967,' Herbert assume passivement sa différence : il est juif, il a conscience de l'ètre, il a quarante-neuf cousins et cousines en Israél, c'est une réalité qu'il accepte sans autre émotion. Survient la guerre des Six-Jours, que Claude Ranel, dans son livre Moi, Juif Palestinien a baptisé le " Mai 68 des lsraéliens ". Deux ans plus tard, Herbert effectue avec sa mere son premier voyage à Jérusalem. " Devant le Mur, j'ai pleuré comme un gosse. Je sentais physiquement toute l'histoire juive s'íncarner à la première personne. Je connaissais ce mur, ie l'avais déjà vu. J'avais l'impression d'avoir souffert pendant deux mille ans, et de toucher terre enfin. " Pagani a décidé qu'il émígrera un jour en lsraél, méme s'il n'a pa§ actuellement assez de prestige ni de connaissance de la langue hébraique pour pouvolr parler au nom de ce pays. Il reste, de plus, persuadé qu'il peut ceuvrer pour la cause sioniste beaucoup plus efficacem,ent en Europe qu'à Tel Aviv. " E existe en lsraul une gauche qui se bat, mais ici, personne n'en parte. " La guerre du Kippour, en octobre 1973, ne fera que renforcer ses choix. " Malgré deux mille ans d'esclava e objectif, on ne nous pard,onne pas une seule erreur. Le combat d'lsraél ressemble à une occupation d'usine : c'est une lutte de libération nazionale ; on me dit: les Palestiniens. Je suis d'accord pour l'Etat d'Arafat, mais pas à Háifa, ni à Tel Avìv. Nous ne voulons lus étre des personnes déplacées, et je ne vois pas pourquoi les nouveaux esclaves pétrifiés devraient jeter légítimement les éternels esclaves diasporisés. "

 Sur le problème juif, Pagani est intarissable. U veut combattre l'immense malentendu qui règne, notamment à gauche, où l'on a collé sur une réalité arnbigu@ les lunettes roses du manichéisme bien-pensant. Pour lui, l'asservissement des juifs a ceci de spécifique qu'il s'est faít par les autres, chez eux. " Toute libération a besoin de territoire, et c'est en me libérant que je libérerai les autres. "

Pagani : c Je me sens tellenient Abraham retrouvant son propre mur que je ne peux pas m'étiqueter au présent. Et je suis un peu triste quand je vois mes petits juifs bouclés courir sur les pavés en brandissant les drapeaux rouges et noirs. Ce n'est pas encore leur guerre : il faut d'abord qu'ils s'émancipent. "

 

T'es pas d'ici, t'as un accent

Fais-toi préteur, fais-toi marchand

Mais tu n'auras iamals de terre

Oti se méfie de ton trésor

Ton étoile d'or!

 

Pagani est súrement le seul sioniste à étre invité régulièrement aux galas organisés par le parti communiste frangais. A chaque fois, on l'attend au tournant d'Etoile d'or. Et à chaque fois, il commence, au mili,eu du récital, un petit discours : " Dans les livres sur la Résistance et les années noìres, de 1940 à 1944, on dit toujours : et les nazis emmenérent les juifs et les communistes. Intéressant, non ? Car si on devient communiste, on ne choisit pas d'étre juif. Il y a une différenee entre délit d'opinion et délit d'existenee. Comprenez-vous pourquoi j'ai besoin de racines, d'un Etat ? Je ne veux pas mourir pour un héritage que je n'aurais pas assumé. Voici une chanson sans haine. " Et il chante, dans un silenee total. Et à chaque fois, à la fin, c'est l'ovation d'un public qui se débarrasse ainsi d'une cerlaine mauvaise conscience quant à la politique officielle du parti concernan,t le Moyen-Orient. Et Herbert termine en remerciant les organisateurs de lui avoir permis de s'exprimer librement, montrant ainsi que le P.C. est un parti démocratique. Re-applaudissements. La dial,ectique doit, pour survlvre, s'avancer masquée.

Invité le 24 novembre 1975 à Europe n? 1, Pagani rédige un texte qui provoquera un tel afflux de courrier que la station rediffusera à nouveau la séquence. Invité ensuite par Jacques Chancel en vedette de ses " Grands Echiquiers ", il lira à nouveau ce texte, et provoquera là aussi des milliers de réactions enthousiastes. Dans sa tentativo quasi désespérée de concilier la gauche et le sionisme, voici une étape non négligeable

" L'autre jour, j'étais dans le métro, et j'entends deux dames dire : "Encore ces juifs avec leurs histoires à l'O.N.U. Quels emmerdeurs !" C'est vrai. Nous sommes des emmerdeurs. Ca fait des siècles qu'on emmerde le monde. C'est notre nature, que voulez-vous.

" Abraham avec son Dieu unique, Molse avec ses tables de la Loi, Jésus avec son autre joue toujours prete à la deuxième baffe. Puis Freud, Marx, et Einstein, tous ont été des géneurs, des révolutionnaires, des ennemis de l'Ordre.

" Pourquoi ? Parce que l'ordre, quel que fút le siècle, ne pouvait les satisfaire, pulsque c'était un ordre dont ils étaient toujours exclus.

" Remettre en questioni voir plus Ioin, changer le monde pour changer le destin, tel fut le destin de mes ancétres. C'est pourquoi ils sont hals par les défenseurs de tous les ordres établis.

 

" L'antisémite de droite reproche aux juifs d'avoir fait la révolution bolchévique. C'est vrai. Il y en avait beaucoup, en 1917.

 

" L'antisémite de gauche reproche aux juifs d'étre les propriétaires de Manhattan, les géants du capitalisme. C'est vrai -- il a beaucoup de capitalistes juifs.

 

" La raison est simple : la"culture, la religioni l'idée révolutionnaire, d'un c,5té, les porte-feuilles et les banques, de l'autre, sont les seules valeurs transportables, les seules patries possibles pour ceux qui n'ont pas de patrie. Maintenant qu'il en existe une, l'antisémitisme renaít de ses cendres, pardon de Nos Cendres, et s'appelle antisionisme. Il s'appliquait aux individua, il s'applique à une nation. lsraél est un ghetto, Jérusalem, c'est Varsovie. Les nazis qui nous assiègent mangent du couscous et parlent arabe, et si leur croissant se déguise parfois en faucille, c'est pour mieux piéger les gauches du monde entier. Moi, juif de gauche, je n'en ai rien à faire d'une gauche qui veut libérer tous les hommes aux dépens de certains d'entre eux, car je suis précisément de ceux-là. Si elle veut me compter parmi les siens, elle ne peut pas faire l'économie de mon problème.

 " Et mon problème est que depuis les déportations romaines du 1er siècle après Jèsus-Christ, nous avons été partout honnis, bannis, écrasés, spoliés, chassés, traqués, c'est-à-dire convertis de forme.

" Pourquoi ? Parce que notre religioni notre culture étaient dangereuses. Eh oui ! Quelques exemples : le judaysme a été le premier à créer le sabbath, jour du Seigneur, c'est-à-dire le repos hebdomadaire obligatoire. Vous imaginez la joie des pharaons, toujours en retard d'une pyramide ?

" Le judaisme interdit l'esclavage. Vous imaginez la sympathie des Romains ! Il est dit dans la Bible : la terre n'appartiene pas à l'homme, mais à Dieu. De cette phrase découle une Ioi : celle de la remise en question automatique de la propriété tous les 49 ans. Vous voyez l'effet d'une Ioi pareille sur les papes du Moyen Age et les bátisseurs d'Empire de la Renaissance! Il ne fallait pas que les peuples le sachent.

 " Voilà pourquoi les ghettos, l'Index, l'Inquisition, les búchers, et plus tard les étoiles jaunes. Auschwitz n'est qu'un exemple industriel de génocide, mais il y a eu des génocides artisanaux par milliers. J'en aurais pour trois jours rien qu'à nomme tous les pogroms d'Espagnc, de Russie, de Pologne et d'Afrique du Nord.

A forme de fuir, de bouger, le juif est allé partout. On extrapole, et voilà : il n'est de nulle part. Nous sommes parmi les peuples comme l'enfant à l'Assìstance publique. Je ne veux plus 8tre adopté. Je ne veux plus que ma vie dipende de l'humeur de mes propriétaires. Je ne veux plus étre citoyen- ocataire.

" J'en ai assez de frapper aux portes de l'hìstoire et d'attendre qu'on me dise "entrez". Je rentre et je gueule ! Je suis chez moi sur terre, et sur terre j'ai ma terre : elle m'a été promise, elle sera maintenue.

" Qu'est-ce que c'est quc le sionisme ?

" Ca se réduit à une simple phrase "L'an prochain à Jérusalem

" Non, ce n'est pas un slogan du Club Méditerranée. C'est écrit dans la Bible (le livre le plus vendu et le plus mal lu du monde), et cette prière est devenue un cri, un cri qui a plus de 2 000 ans, et le père de Christophe Colomb, celui de Kafka, celui de Proust, de Chagall, de Marx, d'Einstein et méme de Kissinger, l'ont répétée, cette phrase, au moins une fois par an, le jour de Páques.

" AIors ? Le sionisme, c'est du racisme ? Laissez-moi rire Douce France, cher pays de mon enfance est-il un hymne raciste ?

" Le sionisme, c'est le nom d'un combat de libération.

 

" Dans le monde, chacun a ses juifs. Les Frangais ont les leurs ce sont les Bretons, les Occitans, les travailleurs immigrés. Les Italien-,; ont les Siciliens, les Yankees ont leurs Noirs, les Espagnols leurs Basques.

 

" Nous, nous sommes les juifs de TOUS. A ceux qui me disent "Et les Palestiniens ?", ie réponds "Je suis un Palestinien d'il y a 2000 ans. Je suis l'opprimé le plus vieux du monde. ie discuterai avec eux, mais je ne leur céderai pas ma place. Il y a là-bas de la place pour deux peuples et pour deux nations. Les frontières sont à déterminer ensemble. Mais l'existence d'un pays ne pcut en aucun cas exclure l'existelice de l'autre. Les options politiques d'un gouvernement, les erreurs commises par certains de ses dirigeants n'ont jamais remis en cause l'existence d'une nation. Alors pourquoi lsraél ?

" Quand lsraél sera hors de danger, je choisirai parmi les juifs et mes voisins arabes, ceux qui me sont frères par les idées. Aujourd'hui, je me dois d'étre solidaire avec tous les miens, méme ceux que je déteste, au nom de cet ennemi insurmontable : le racisme.

" Descartes avait tort : je pense done je suis, ga ne veut rien dire.

" Nous, Qa fait 5 000 ans qu'on pense, et nous n'existons toujours pa,s. Je me défends, done je suis. "

Tel est Pagani : complètement assumé dan,9 ses amours comme dans ses hostilités, n'ayant pas honte de ses boucles berbères et de son regard sémite. Il veut étre protagoniste de sa propre révolution, relations-publiques de ses idées, travailler à la contamination du public qui vient le voir ou achète ses disques. Là aussi, le malentendu s'installe et il est temps de s'expliquer un peu sur les accusations dont on dote le chanteur : démagogique, racoleur, hypocrite, il cajole son public, il est prét à tout pour l'étouffer et l'enibarquer dans les filets au parmesan de ses chansons-spaghetti. Ce n'est pas si simple.

 

 

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Update: 16 agosto 2009