homepage italiana
  homepage français
  italiano  
 

la vita di Herbert
il disc-jockey
il cantautore
il poeta
lo scrittore
l'attore
il pittore
lo scultore
l'ecologista
il pacifista
il religioso
il politico
l'amico
gli ultimi giorni

 
  français  
 

la vie de Herbert
le disc-jockey
le chansonnier
le poète
l'écrivain
l'acteur
le peintre
le sculpteur
l'écologiste
le pacifiste
le religieux
le politique
l'ami
les derniers jours

 
Le pouvoir est dans la rue

 

 

 

PAGE EN PREPARATION

 

7. LE POUVOIR EST DANS LA RUE

 

 

 

L'Italien de Judée est un contemplatif. Il met du temps à écrire ses textes. Tout le bonheur de Pagani réside dans le fait qu'il ne peut pas s'enfermer seul dans une chambre. Pour écrire, il lui faut le ciel, les murs de la ville, toutes les couleurs de l'arc-en-ciel de Dieu et de la palette du peintre, les promenades dans les rues et dan,,R les bois, les affiches déchirées, les bribes de phrases dans les bistrots ; il ne se sépare jamais de son camet de notes où il griffonne instantanément la vision qui s'impose. Nommer la chose, c'est la posséder. Après vient le temps de sculpter en prenant du recul et de l'émotion comme son ciseleur de grand-père.

 

La forét paese du violet violent

A u mauve ancien lusqu aux tabacs havane

Les peupliers ont la crinière en flammes

Les marronniers sont des soleils couchants

 

Certains montent le rouge d'un octave

D'autres, les plus frileux, sont déjà morts

Certains me font des pluies détoiles d'or

D'autres se rouillent comme des épaves...

L'été a fait sa féte aux vignes-vierges

Qui couvrent de leur honte les vieux murs

La vigne maternelle aux fruits trop múrs

Pourrit dans les sulfates qui l'a-spergent.

 

Le pouvoir est dans la rue, non seulement au niveau des mots, mais aussi à fleur de mélodie. Le rive de Pagani serait d'enregistrer ses chansons sur la chaussée d'un grand boulevard. Avec son Nagra, il est allé chercher les bruitages de Mégalopolis dans le jet de sa douche, les moteurs des voitures, les appels de la tour de contróle, il a demandé à des amis reporters des enregistrements sur le Vietnam -, muni de sa nioisson de réalités, il coupe, colle, pratique un montage tout en contrepoint, en opposition et en litote : il n'est pas Ioin de penser, paraphrasant Jean-Luc Godard, que le patchwork est affaire de morale. Et si l'on parle de chien dans une chanson, pourquoi ne pas entendre les aboiements ? La sonnerie du téléphone peut ètre aussi menagante qu'un couplet d'Edgar Allan Poe. Si pop'art veut dire art populaire, Pagani pratique le collage qui dévoile.

Sur scène, pas d'orchestre. Mais une bande-son, des images, des lumières. Et ses disques pollués heureusement par les choses de la vie. John Cage est l'un de ses phares : le génial Américain a compris que tout est musique, tout, y compris le bruit des touches Olivetti qui rythment la chanson de Boittin sur le texte de Bercoff (1). Le succès de Mégalopolis, présenté au théátre de Chaillot et repris à Bobino, est le corollaire logique d'une préparation, polyphonique minutieuse, d'un m,élange des genres remarquablement monté, comme on le dit d'une mayonnaise rarissime. Déjà, pour Pagani, le double album était un film pour aveugle. Avec le groupe de light-show Barved Zumizon, puis Marie et Willy, et le photographe Philippe Fresco, rencontré lors d'une exposition à la FNAC, Mégalopolis devient spectacle total.

 

Pagani dessine en noir et blanc. Philippe Fresco, par son procédé chimique de solarisation, arrive à dédoubler chaque traìt par une série de négatifs et de positifs colorés qui procurent au dessin une épaisseur, une palette, des nébuleuses inconnues jusqu'ici. Pendant trois ans, Pagani a amassé des montagnes de journaux: pendant un mois, il découpe les photographies qui lui servirono pour son spectacie. Montages, collages se succèdent. Avec un dérouleur d'images, le groupe Barved Zumizon arrive à opèrer des mouvements majestueux d'hélicoptère, de flocons de neige, de nuages, sur des tableaux fixes. La firme Rank Xerox lui fournira l'occasion d'un superbe détoumement: elle met à sa disposition un prototype de photocopieur en couleurs qui n'existe pas dans le commerce. De ses collages, de ses photos, de scs dessins, il tirera cinq à six mille photocopies. Et tout se passe suivant un scènario bien établi.

 

On découpe les éléments, on passe les planches au photocopieur qui possède une machine à régler les couleurs ; on passe la feuille une fois, deux fois, cinq fois : un gratte-ciel en noir et blanc en devient rouge-sang, sursaturé de couleurs ; d'une rue pleine de neige on fait apparaltre le grain, le pointillé de la photographie. Pagani délire pendant deux mois chez Rank, ionglan.t avec les poudres de couleurs et avec les rouleaux, corrigeant les teintes, repassant les collages au photocopieur, finissant par tirer deux cents planches finales don't il utilisera quarante. Deuxième étape sur de grands cartons, on repère les emplacements au millimètre, on colle ici un ciel, là le dóme de Saint-Pierre, les gratte-ciel de Manhattan ; c'est le Vatican " vendu " aux U.S.A. Philippe Fresco photographie la planche qui servira de diapositive. Il utilisera trente rouleaux de pellicule par jour qui foumiront cent quatre-vingts diapos diflfusées par quatre projecteurs. Il sera ainsi possible de pratiquer le fondu enchainé, de doubler l'intensité de la lumière par la projection simultanee de deux diapositives similaires sur deux projecteurs différents, avec changement manuel sur image arrétée et le son quadriphonique mettra le spectateur au sein méme de la catastrophe fin de siècle.

 

Pour obtenir le mème effet avec un orchestre, il eút fallu' cent vingt musiciens et presque autant de bruiteurs. Or, l'essentiel ici est l'établissement du paysage musical, les paroles foumissant l'intrigue, et la melodie les rails émotionnels. Alors, Venise qui s'enfonce dans les eaux, les gratte-ciel qui crachent le feu, l'arc de triomphe étranglé par les autoroutes et les enfants morts sous la neige deviennent inoubliables repères de notre mémoire collective. Un jeune homme seul utilise la technique de ce temps pour reconstruire le monde, l'espace de deux heures de révolte. Critiques et publie ne s'y sont pas trompés, qui ont fait un triomphe au spectacle. Les Italiens le redécouvrent, Paris le consacre, le voici sur orbite pour l'extension du champ des possibles.

 

 

 1. L'auteur et sa collabo préférée.

 

Cette page-ci à etè visité fois depuis du 03/12/97

 

 

   

Update: 16 agosto 2009